Miriam Makeba "Mama Afrika", une voix contre l'apartheid
Née à Johannesburg en Afrique du Sud le 4 mars 1932, décédée dans la nuit du 9 au 10 novembre 2008 d'une crise cardiaque après un concert près de Naples pour l'écrivain italien, Roberto Saviano menacé de mort par la mafia, Miriam Makeba est l'artiste la plus célèbre du continent noir, plus qu'une chanteuse, une véritable légende. Elle a acquis la célébrité grâce à des succès comme Pata Pata ou Kilimanjaro mais également à travers ses prises de position contre l'apartheid en vigueur dans son pays.
Elle a 15 ans en 1947 quand le parti nationaliste afrikaner arrive au pouvoir en Afrique du Sud. Ce gouvernement raciste et violent asservit les Noirs en instituant le régime de l'apartheid : pas de droit de vote, programme scolaire inexistant, salaires de misère, obligation de résider dans les townships avec interdiction de se déplacer d'une ville à l'autre sans livret et même de traverser la ville blanche sans autorisation, même pour ceux qui y travaillent, interdiction de posséder une radio qui capte l'étranger, bannissement des religions africaines, création artificielle de tribus ...
Á 20 ans, Zenzi (vrai prénom de la chanteuse) Makeba commence à chanter dans le groupe d'un des ses cousins les Cuban Brothers, puis dans celui des Manhattan Brothers qui la rebaptise Miriam. En 1956, elle écrit et chante son tube planétaire Pata Pata. En août 1959, elle part, à Londres, rejoindre le réalisateur du documentaire anti-apartheid, « Come back to Africa » auquel elle a participé, pour aller le présenter au festival de Venise. En représailles, l'État Sud-Africain interdit sa musique et l'empêche de revenir assister aux funérailles de sa mère, en 1960. Elle apprend alors qu'elle est déchue de sa nationalité. Durant 31 ans, elle doit vivre en exil, tout d'abord aux États-Unis.
En 1963, devant le comité spécial des Nations-Unies, elle dénonce une nouvelle fois l'apartheid : « Les Nations-Unies doivent user de leur influence pour ouvrir les portes des prisons et des camps de concentration d'Afrique du Sud ou des milliers de Noirs sont actuellement prisonniers (...) Mon pays a été transformé en vaste prison par le gouvernement Verwoerd ».
La même année, elle donne un concert lors de la première réunion de l'Organisation de l'Unité Africaine. Elle défendra toute sa vie le panafricanisme : « Quand N'Krumah a prôné ce concept, on l'a traité de fou. Or toutes ses idées (plus de frontières, une monnaie unique, une force armée commune), on les voit se réaliser en Europe tandis que nous nous entretuons » dit-elle au Nouvel Observateur en mars 1999.
Les années 60 représentent l'apogée de sa carrière. Un Grammy Award lui est décerné en 1966 pour son album An Evening With Belafonte/Makeba dans lequel elle traduit les souffrances traversée par les Noirs sous l'apartheid.
Travailleurs noirs en attente des bus
qui les ramènent dans leur township © Time Inc.
qui les ramènent dans leur township © Time Inc.
Á 20 ans, Zenzi (vrai prénom de la chanteuse) Makeba commence à chanter dans le groupe d'un des ses cousins les Cuban Brothers, puis dans celui des Manhattan Brothers qui la rebaptise Miriam. En 1956, elle écrit et chante son tube planétaire Pata Pata. En août 1959, elle part, à Londres, rejoindre le réalisateur du documentaire anti-apartheid, « Come back to Africa » auquel elle a participé, pour aller le présenter au festival de Venise. En représailles, l'État Sud-Africain interdit sa musique et l'empêche de revenir assister aux funérailles de sa mère, en 1960. Elle apprend alors qu'elle est déchue de sa nationalité. Durant 31 ans, elle doit vivre en exil, tout d'abord aux États-Unis.
En 1963, devant le comité spécial des Nations-Unies, elle dénonce une nouvelle fois l'apartheid : « Les Nations-Unies doivent user de leur influence pour ouvrir les portes des prisons et des camps de concentration d'Afrique du Sud ou des milliers de Noirs sont actuellement prisonniers (...) Mon pays a été transformé en vaste prison par le gouvernement Verwoerd ».
La même année, elle donne un concert lors de la première réunion de l'Organisation de l'Unité Africaine. Elle défendra toute sa vie le panafricanisme : « Quand N'Krumah a prôné ce concept, on l'a traité de fou. Or toutes ses idées (plus de frontières, une monnaie unique, une force armée commune), on les voit se réaliser en Europe tandis que nous nous entretuons » dit-elle au Nouvel Observateur en mars 1999.
Les années 60 représentent l'apogée de sa carrière. Un Grammy Award lui est décerné en 1966 pour son album An Evening With Belafonte/Makeba dans lequel elle traduit les souffrances traversée par les Noirs sous l'apartheid.
Miriam Makeba - Khawuleza
Dans sa chanson « Khawuleza », Miriam Makeba dénonce les descentes régulières de la police dans les townships. Lorsque les voitures de police apparaissent, dit-elle, les enfants courent et hurlent
Son mariage, en 1969, avec Stokely Carmichael, l'un des chefs des Black Panthers américains, figure radicale de la lutte pour les droits civiques, lui vaut de nombreux ennuis avec la justice américaine. Elle et son mari doivent s'exiler en Guinée, accueillis par Sékou Touré.
Miriam Makeba et Stokely Carmichael
Surnommée « Mama Afrika », elle continue de chanter la paix, l'amour et la tolérance. Dans sa chanson Soweto Blues, elle relate le massacre qui a suivi l'émeute en juin 1976 de Soweto, le tristement célèbre township de Johannesburg.
Á sa libération en 1990, Nelson Mandela l'invite à rentrer en Afrique du Sud. Le 10 juin 1990, elle retrouve son pays après un exil de 31 ans.
Miriam Makeba le soir de son dernier concert,
le 9 novembre 2008 à Naples.
La chanteuse s'est éteinte quelques heures plus tard, à l'âge de 76 ans.
le 9 novembre 2008 à Naples.
La chanteuse s'est éteinte quelques heures plus tard, à l'âge de 76 ans.
Une interview de Miriam Makeba en 2007 :
« Ses mélodies obsédantes ont fait résonner la douleur de l'exil et de la distance qu'elle a ressentie pendant 31 ans. En même temps, sa musique nous a à tous donné un profond sentiment d'espoir » Nelson Mandela.
« Triste moment pour l'Afrique du Sud. Le décès de Miriam Makeba, le 10 novembre, a été un vrai choc pour moi, et on ressent ici comme un sentiment de dévastation. Il est des êtres que l'on croit indestructibles, qu'on ne peut associer à l'idée de mortalité, et elle était de ceux-là. Nous croyions qu'elle avait toujours été parmi nous et qu'elle serait toujours là. Mon pays a perdu un être humain de grande valeur » L'archevêque sud-africain Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix 1984.
20/11/2009
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