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V. Vissotski et le "modèle soviétique"


Le défilé patriotique à Moscou en 1945


Vissostki militariste et stalinien ? Non. Ecoutez la chanson "Les cabans noirs" et lisez sa traduction ci-dessous. Vissotski loue l'immense courage des soldats soviétiques lors de la Seconde Guerre mondiale, leur engagement total dans la lutte contre les nazis, et formule leur espoir de l'aurore d'un monde nouveau. Ce combat héroïque a fondé, aux lendemains de la guerre, l'incontestable prestige de l'URSS dans le reste du monde et a justifié pour un grand nombre de partisans l'attractivité du modèle communiste stalinien.


Les cabans noirs

 

Nous avons laissé derrière nous des défaites, des crépuscules

Si seulement il y avait eu un envol insignifiant, même invisible.

Je veux croire que nos cabans noirs

Me permettront aujourd'hui de voir l'aurore.

 

Aujourd'hui on nous a dit devant les gens : Mourez héroïquement !

On essaiera, d'accord ! On verra comment ça tournera.

Mais j'ai pensé en fumant des cigarettes qu'on m'avait passées :

Chacun fait ce qu'il peut, moi ce que je veux, c'est voir l'aurore.

 

Un commando spécial, c'est un honneur spécial pour un sapeur.

Ne me tombez pas dessus du haut des arbres avec un poignard.

Pas la peine de vous donner du mal : même la gorge ouverte

Je verrai aujourd'hui l'aurore jusqu'au bout.

 

On a traversé les arrières, en se retenant pour ne pas égorger les ennemis endormis

Et soudain j'ai remarqué en coupant les barbelés avec les dents

Un tournesol encore nigaud, tout vert, mais sensible

Qui avait déjà tourné sa tête vers le levant.

 

Derrière mon dos à six heures trente sont restés, je le sais

Non seulement des défaites et des crépuscules, mais aussi des envols et des aurores.

Je dépouille en grimaçant deux fils avec mes dents.

Je n'ai pas vu l'aurore mais je sentais qu'encore un peu et elle serait là.

 

Le commando revient sur ses pas, décimé.

Ce qui s'est passé n'a pas d'importance : ce qui est important c'est d'avoir fait sauter le fort.

Je veux croire que notre sale travail

Vous permettra de voir maintenant sans entraves l'aurore.


Au lendemain de la disparition de Vladimir Vissotski, le 25 juillet 1980, plus d'un million de personnes suivent le cortège funéraire à Moscou qui organise au même moment les Jeux olympiques. On n'avait jamais vu cela depuis les funérailles de Staline en mars 1953.

Vissotski : un nouveau culte de la personnalité ? A vous de juger après avoir vu les documents suivants :




Regardez et écoutez bien le clip ci-dessous (soyez attentif notamment à la bande son et à l'entourage de Vissotski). Une journée ordinaire pour le chanteur adulé ?


Pour mieux comprendre la réalité de la vie de l'artiste,
écoutez cette chanson :


Le chanteur devant le micro
 

 

En pleine lumière, livré à tous les yeux
j'ai tout de suite retrouvé l'habituelle procédure
Face au micro planté comme face à Dieu
non, non, j'suis comme acculé contre un mur

Et c'micro-là peut vraiment pas m'saquer
d'accord, ma voix n'est p't-être pas si bien qu'ça
Si j'me ramasse, si je chante comme un pied
ça va se savoir, c'est pour ça qu'il est là

Les feux braqués sur moi m'aveuglent et frappent
les lampes m'emprisonnent dans leur trappe
Les projecteurs m'écrasent à en brûler
j'vais crever, crever, crever

Ce soir c'est vrai j'suis pas mal enroué
mais pas question d'moduler mes accords
Un seul faux pas, un écart mal joué
il va m'envoyer paître dans le décor

Cette bête-là c'est plus fin qu'un cimeterre
parfaite et absolue son oreille guette ma voix
Tant pis si j'suis crevé, le moral à terre
si je chante pas juste, on entendra que ça

Les feux braqués sur moi m'aveuglent et frappent
les lampes m'emprisonnent dans leur trappe
Les projecteurs m'écrasent à en brûler
j'vais crever, crever, crever

Le cou si fin de ce sale micro
porte une tête de serpent à poison
Si je me tais, il m'enverra les crocs
et j'dois chanter à en cracher mes poumons

Mm! Couche-toi là ! Ne bouge pas! Tiens-toi droit !
J'ai vu ton dard ! On se connait déjà !
Toi, t'es une vipère et je suis là pour toi
j'suis pas chanteur, je charme un cobra

Les feux braqués sur moi m'aveuglent et frappent
les lampes m'emprisonnent dans leur trappe
Les projecteurs m'écrasent à en brûler
j'vais crever, crever, crever

L'oiseau de proie affamé et vorace
il picore dans ma bouche les notes qu'il y pêche
Il va me trouer le front de son bec de rapace
je ne peux pas m'sauver, ma guitare m'en empêche

Encore ! Est-ce qu'il va jamais s'arrêter ?
Mais qu'est-ce qu'il trame encore ce microphone ?
Maintenant il joue le cierge consacré
mais j'suis pas un saint, et lui n'éclaire personne

Les feux braqués sur moi m'aveuglent et frappent
les lampes m'emprisonnent dans leur trappe
Les projecteurs m'écrasent à en brûler
j'vais crever, crever, crever

Mes mélodies sont simples comme de l'eau
mais si j'trébuche, si je m'égare si j'balance
Implacable et raide l'ombre du micro
me transperce les joues comme une lance

En pleine lumière, livré à tous les yeux
j'ai tout de suite retrouvé l'habituelle procédure
Face au micro planté comme face à Dieu
non, non, j'suis comme acculé contre un mur

Les feux braqués sur moi m'aveuglent et frappent
les lampes m'emprisonnent dans leur trappe
Les projecteurs m'écrasent à en brûler
j'vais crever, crever, crever


Qu'en concluez-vous ? Pour mieux connaître ce grand poète, consultez le dossier "Vissotski"


D'après les documents, quelles sont les limites du modèle soviétique ?



16/12/2009

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