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L'Allemagne, un enjeu majeur de la Guerre froide (INA-Jalons)


L'Allemagne a été un enjeu majeur de la Guerre froide en Europe en ayant cristallisé l'affrontement des blocs amorcé à Yalta et achevé en 1989 par la chute du mur de Berlin, symbole du "Rideau de fer" séparant l'Est et l'Ouest.

Chronologie indicative :

Février 1945 : La conférence de Yalta définit quatre zones d'occupation en Allemagne : les zones américaine, anglaise, française et soviétique
8 mai 1945 : Capitulation de l'Allemagne
24 juin 1948 -12 mai 1949 : Blocus de Berlin
1949 : Naissance de la RFA, puis de la RDA
12-13 août 1961 : Construction du mur de Berlin
9 novembre 1989 : Chute du mur de Berlin
3 octobre 1990 : Réunification allemande



La conférence de Yalta , du 04 au 11 février 1945

Alors que la défaite de l'Allemagne nazie est désormais certaine, les trois grandes puissances préparent l'après- guerre. Une négociation s'engage notamment sur le nouveau tracé des frontières en Europe :
  • un déplacement de la frontière germano-polonaise vers l'ouest, sur les rives des fleuves Oder – Neisse ; ce qui met fin à la souveraineté allemande sur les territoires de la Prusse orientale.
  • le démembrement de l'Allemagne en trois zones d'occupation. Sur l'insistance de Churchill,la France obtient une zone d'occupation en Allemagne sur les zones d'occupation américaine et britannique.




Signature de l'acte de capitulation de l'Allemagne à Berlin, le 8 mai 1945


La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945, le lendemain de la capitulation à Reims de l'Allemagne nazie. L'amiral Doenitz, successeur de Hitler, qui s'est suicidé dans son blockhaus le 30 avril, demande aux alliés la fin des combats. Staline n'accepte pas une capitulation signée seulement dans la zone anglo-saxonne, il exige une signature à Berlin, contrôlée par les troupes soviétiques : le 8 mai, le maréchal Joukov accueille au quartier général des forces soviétiques la délégation allemande menée par le maréchal Keitel. Le représentant français, le général de Lattre de Tassigny exige de siéger avec les alliés, et qu'un drapeau français soit accroché aux côtés des drapeaux anglais, américain et soviétique. Keitel manifeste publiquement sa surprise à la vue du drapeau français. A 15 heures, les alliés annoncent la fin officielle des hostilités en Europe. La guerre se poursuit en Asie.



La conférence de Potsdam du 17 juillet au 02 août 1945

Les Trois Grands se réunissent, pour la dernière grande conférence de la guerre, à Potsdam, entre le 17 juillet et le 2 août. La mort de Roosevelt comme la défaite des conservateurs aux élections législatives anglaises provoquent un renouvellement des délégués, puisque Truman représente désormais les Etats-Unis et Attlee, la Grande-Bretagne. La conférence régle surtout le sort de l'Allemagne en définissant les modalités d'occupation. Elle fixe également ses frontières orientales.




Le début du blocus de Berlin en juin 1948

Dès l'hiver 1947-1948, les Alliés se résignent à la division de l'Allemagne en quatre zones. Mais les réunions des Quatre sont conflictuelles et les négociations semblent impossibles. Des violents débats sur l'interdiction du parti socialiste dans les zones occidentales et sur une déclaration polono-tchéco-yougoslave amènent le Conseil des Quatre à abandonner toute tentative de réunion. Le 18 Juin 1948, sans en discuter avec les Soviétiques, les occupants américains, britanniques et français créent dans leur trizone une nouvelle monnaie, le Deutsch Mark, afin de juguler l'inflation. Le 23 Juin, les Soviétiques introduisent à leur tour une nouvelle monnaie dans leur zone tout en bloquant électricité et charbon dans le secteur occidental de Berlin. Le lendemain, ils bloquent toute circulation par route, chemin de fer et canal qui relient Berlin au reste de l'Allemagne. Le 26 Juin, Truman décide de faire ravitailler la ville par air, sous le commandement du général Clay, jusqu'à ce qu'une solution diplomatique soit trouvée. Le 28 juin, 150 avions atterrissent sur l'aérodrome de Tempelhof avec 400 tonnes de ravitaillement, le trentième des besoins quotidiens des habitants. Les Soviétiques n'essayent pas d'intercepter les avions, pensant avoir trouvé la solution pour faire disparaître Berlin comme poste avancé de la zone occidentale. Le transport aérien s'organise : le 20 Juillet, le volume acheminé quotidiennement atteint 2400 tonnes et la population berlinoise supporte un rationnement draconien. Selon Clay, qui refuse d'abandonner Berlin aux mains des Soviétiques, pour être efficace, le pont aérien doit s'intensifier et passer à 4500 tonnes par jour. Au cours de l'automne 1948, dans Berlin, la vie économique s'organise : les avions transportent même une centrale électrique en pièces détachées et le charbon pour l'alimenter. Le pont aérien s'intensifie avec la participation de la Grande-Bretagne, de pilotes d'Australie, du Canada, d'Afrique du Sud, de Nouvelle-Zélande, et dans une moindre mesure, de la France. Hommes poltiques et intellectuels occidentaux se succèdent à l'aérodrome pour manifester leur soutien. Le 5 décembre, la ville assiégée réitère son soutien à Ernest Reuter, social-démocrate.



Les derniers jours du blocus de Berlin en mai 1949

La ville de Berlin devient le symbole du combat pour la Liberté. Au cours des onze mois de blocus, le pont aérien livre à Berlin 2 millions et demi de tonnes de marchandises, au cours de quelques 275 000 vols. Il cause la mort de 39 aviateurs anglais, de 31 américains et de 9 civils et coûte aux Etats-Unis 350 millions de dollars, 17 millions de livres à la Grande-Bretagne et 150 millions de Deutsch Mark au peuple allemand. Les Soviétiques prennent conscience de l'échec du blocus et début mai ils annoncent la levée du blocus pour le 12. Le pont aérien est réellement levé quelques mois plus tard (30 septembre).




Elections dans le secteur soviétique d'Allemagne et proclamation de la RFA en mai 1949

Le 1er septembre 1948, Conrad Adenauer est nommé à la présidence du Conseil parlementaire qui réunit les trois zones occidentales unifiées. Il rédige la loi fondamentale qui servira de constitution à la future RFA. Votée en mai 1949 par le Conseil parlementaire de Bonn et approuvée par les puissances occidentales, la loi fondamentale est promulguée le 23 mai 1949, jour de naissance de la RFA. Dans la zone soviétique, dès 1948, le parti social démocrate fusionne avec le parti communiste, formant le SED, le parti socialiste uni d'Allemagne. En mai 1949, un Congrès du Peuple dominé par les communistes adopte la constitution d'une République démocratique allemande sur le modèle des républiques populaires. La RDA est officiellement créée le 7 octobre 1949.




La construction du mur de Berlin le 13 août 1961

La ville de Berlin, tout en étant divisée entre les deux blocs, permet jusqu'en 1961 de maintenir des contacts entre les acteurs de la Guerre froide, car la coupure n'est pas hermétique : les habitants des deux zones peuvent passer d'une partie de la ville à l'autre, et c'est par Berlin que de nombreux citoyens de RDA gagnent l'Ouest. L'Allemagne de l'Est affronte ainsi une véritable saignée démographique avec le départ vers l'Ouest de trois millions de personnes entre 1949 et 1961. Pour mettre fin à cette situation, le gouvernement de la RDA décide la construction d'un mur pour séparer la ville. La porte de Brandebourg est fermée à la circulation comme toutes les rues de la ville, désormais séparées. Long de 165 km, le mur est équipé de chemins de ronde, de miradors et fait l'objet d'une stricte surveillance, les soldats et policiers est-allemands ont pour consigne de faire feu sur les fuyards. La construction du mur a une résonance internationale forte : elle devient l'image de la division de l'Europe mais permet une stabilisation des relations internationales. L'abcès berlinois est désormais percé, la situation ne peut plus dégénérer.



Le passage à l'Ouest des réfugiés des pays de l'Est en septembre 1989

C'est dans les années 1980 que l'opposition au régime communiste se structure en RDA, notamment autour de l'Eglise protestante. Elle prend la forme d'un mouvement pacifiste pour les Droits de l'Homme et de l'environnement. Les événements de Pologne du début des années 1980 sont âprement suivis et discutés. Les demandes d'émigration s'accroissent et culminent en 1984 avec 41 000 personnes autorisées à partir à l'étranger. D'autres partent clandestinement. La contestation se fait de plus en plus entendre et en mai 1989, après les élections, les opposants parlent de fraude électorale. Le 11 septembre 1989, un parti d'oppostion, le Neue Forum, est fondé. Malgré les arrestations, des manifestations se tiennent régulièrement à partir d'octobre 1989. Le 18 octobre 1989, Erich Honecker, qui est à la tête de l'Etat depuis 1971, est suspendu et remplacé par Egon Krenz. Le 7 novembre, le gouvernement démissionne, suivi par le bureau politique du SED (parti communiste allemand) le lendemain. Le 9 novembre 1989, c'est la chute du Mur de Berlin et l'ouverture de la frontière avec la RFA.




Le 9 novembre 1989, le porte-parole du bureau politique du Parti communiste annonce à la télévision est-allemande : "les frontières sont ouvertes avec effet immédiat" : le passage du mur de Berlin devient possible dans les deux sens. Des Berlinois de l'Est affluent aux points de contrôle (Check Point Charly) et les gardes-frontières les laissent passer. La ville vit une nuit d'allégresse. Des milliers d'Allemands de l'Est se précipitent pour voir la "vitrine du capitalisme" tandis que des Occidentaux passent à l'est pour découvrir la "patrie du socialisme". L'événement est considérable ; il marque la fin de la division de l'Allemagne, qui durait depuis 1945 ; il signifie également l'effondrement sans guerre du bloc communiste contraint à l'ouverture de ses frontières. Berlin est alors en fête.
Deux semaines après la chute du Mur, 250 000 personnes revendiquent la réunification des deux Etats allemands. Le 22 décembre 1989, la porte de Brandebourg à Berlin est ouverte et le 24 décembre, l'obligation de visa et le change obligatoire sont supprimés. En 1989, 343 000 personnes quittent la RDA pour la RFA. Les élections du 18 mars 1990 à l'Est voit la victoire de la CDU, parti du chancelier Helmut Köhl. Dès le 21 juin est ratifiée l'unification sur le plan constitutionnel des deux Allemagne, suivie par l'unification de la monnaie le 1er juillet - le deutschmark comme unique moyen de paiement. La réunification prend effet le 1er juillet 1990. Gorbatchev accepte que l'Allemagne réunifiée devienne membre de l'OTAN.




La réunification de l'Allemagne le 3 octobre 1990

Après la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, les négociations sur l'avenir des deux Allemagne débutent. François Mitterrand qui a sous estimé le processus de réunification de l'Allemagne, pense que l'Europe va rester divisée, quand le 30 janvier 1990, Mikhaïl Gorbatchev accepte le principe de la réunification allemande, prenant ainsi le président français à contre-pied. Désormais, les modalités politiques de l'unification sont discutées (calendrier de l'évacuation des troupes soviétiques, indemnités, condition de l'intégration des territoires est-allemands, place de l'Allemagne dans l'Europe et dans l'OTAN…). Outre les deux Allemagne, négocient les quatre puissances présentes sur le sol allemand depuis 1945 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et URSS), ce qui débouche sur le traité d'unification dit « traité 2 + 4 ». Il entre en vigueur le 3 octobre 1990 et fixe le processus d'intégration des cinq Länder (qui formaient auparavant l'Allemagne de l'Est) à la République fédérale d'Allemagne. Berlin est également consacrée « capitale de l'Allemagne » et le 3 octobre, «jour de l'unité allemande», devient le jour de la Fête nationale. En mêlant joie nationale et fierté patriotique, la réunification est un événement national qui met fin à la guerre froide et qui annonce la fin du communisme.

Liens :

"Rideau de béton, vie et mort du mur de Berlin" (Mémorial de Caen)



15/11/2008

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