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Sékou Touré, l'indépendantiste guinéen qui a dit "non" à De Gaulle



Le Président Sékou Touré

lors du jour de la proclamation

de l'indépendance de la Guinée,

le 2 octobre 1958.
(Photo : AFP)


Ahmed Sékou Touré, né le 9 janvier 1922 à Faranah (Guinée orientale) dans une famille musulmane modeste d'ethnie malinké, mort le 26 mars 1984 à Cleveland (Ohio, États-Unis), est le premier président de la République de Guinée, en poste de l'indépendance obtenue de la France le 2 octobre 1958, jusqu'à sa mort en 1984.

 

Ancien secrétaire du syndicat des PTT, il participe en 1946 à la fondation, initiée par Félix Houphouët-Boigny, du Rassemblement démocratique africain (RDA). En 1951, il prend la tête du Parti démocratique de Guinée (P.D.G.), section territoriale du R.D.A., et organise, en 1953, une grève générale des travailleurs de Basse-Guinée qui contraint, pour la première fois dans l'histoire africaine, l'administration française à céder. Maire de Conakry et député à l'Assemblée nationale française (1956), il devient vice-président du conseil de Guinée (1957).

 

Quand, en 1958, De Gaulle propose aux territoires français un référendum relatif à l'octroi de l'indépendance, Sékou Touré fait une campagne active en faveur de l'indépendance immédiate, cela en dépit du mot d'ordre du R.D.A. qui préconise de répondre « oui » à la Communauté. Il affirme que son peuple « préfère la pauvreté dans la liberté plutôt que l'opulence dans l'esclavage ». Le 2 octobre 1958, la Guinée devient donc le premier État francophone indépendant d'Afrique noire, et Sékou Touré en est élu président peu de temps après. Il sera régulièrement réélu jusqu'en 1982.

 

La France réagit comme prévu, rompant tous les liens avec Conakry et rappelant tous ses techniciens et fonctionnaires. Malgré les tentatives de rapprochement de Sékou Touré, une méfiance réciproque empêche désormais la relance d'une véritable politique de collaboration.

 

La Guinée, vite admise à l'O.N.U., est reconnue par presque toutes les nations, l'U.R.S.S. dès le 4 octobre, la Grande-Bretagne et les États-Unis un mois plus tard et, enfin, Israël. Mais, victime de l'ostracisme de la France, et menacée de faillite économique, elle accepte alors le soutien du camp socialiste (U.R.S.S., Tchécoslovaquie, R.D.A.). Toutefois, ses rapports avec les pays socialistes connaissent des phases successives de rapprochement et de tension.

 

En mai 1969, puis en novembre 1970, deux tentatives de soulèvement échouent et servent de prétexte à durcir un régime déjà autoritaire et policier : toute forme d'opposition étant interdite, plus d'un million de Guinéens choisissent l'exil, des dizaines de milliers disparaissent, en particulier dans le camp de concentration Camp Boiro Mamadou, parfois dans des conditions atroces après des tortures inhumaines dénoncées alors par Amnesty international.

 

Sans modifier le caractère de son régime, Sékou Touré cherche à rompre l'isolement de son pays sur la scène internationale en renouant des liens avec la France en 1975 (visites du Président français à Conakry en 1978 et du président guinéen à Paris en 1982) et en se réconciliant avec le Sénégal et la Côte-d'Ivoire.

 

Sources :

Encyclopædia Universalis

Le Petit Mourre

Wikipédia


Pour aller plus loin :

La musique comme outil de propagande dans la Guinée de Sékou Touré, un très bon dossier d'Histgeobox

La Guinée indépendante a 50 ans !, L'Afrique enchantée, France Inter, diffusion le 28 septembre 2008

Un orchestre original, celui de la gendarmerie nationale, exclusivement composé de femmes, Les Amazones de Guinée, créé en 1961, par le ministre de la Défense nationale de la Guinée, Fodéba Keita afin de mettre en avant la culture du pays et de promouvoir la révolution guinéenne. L'orchestre connaît très vite une renommée internationale.




05/02/2009

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