"Aquarela do Brasil" l'histoire de l'hymne officieux du Brésil
Ce petit bijou extrait de Saludos Amigos, film d'animation produit en 1942 par Walt Disney, est une séquence construite autour d' Aquarela do Brasil, la célèbre chanson écrite en 1939 par Ary Barroso, compositeur et acteur carioca (habitant de Rio de Janeiro), originaire du Minas Gerais.
Saludos Amigos glorifie l'amitié entre les États-Unis et le Brésil qui rejoint la même année le camp des Alliés contre les puissances de l'Axe. Walt Disney avait préalablement reçu par le gouvernement américain la mission diplomatique d'aller lutter contre le développement du nazisme en Amérique latine. Œuvre couronnée de succès au moins pour le Brésil qui envoie un contingent de 25 000 hommes en Italie se battre aux côtés des forces alliées (seul pays latino-américain à l'avoir fait).
Aquarela do Brasil est encore aujourd'hui une des chansons brésiliennes les plus connues dans le monde. Cette chanson est même considérée comme l'hymne national officieux du Brésil.
Ary Barroso (1903-1964)
Brasil Meu Brasil brasileiro Meu mulato inzoneiro Vou cantar-te nos meus versos Ô Brasil, samba que dá Bamboleio, que faz gingá Ô Brasil do meu amor Terra de Nosso Senhor [Sinhô] Brasil ! Brasil ! Prá mim... prá mim... Ô, abre a cortina do passado Tira a Mãe Preta do cerrado Bota o Rei Brasil ! Brasil ! Deixa cantar de novo o trovador À merencória luz da lua Toda canção do meu amor Quero ver a "Sá Dona" caminhando Pelos salões arrastando O seu vestido rendado Brasil ! Brasil ! Prá mim... prá mim... Brasil terra boa e gostosa Da morena sestrosa De olhar indiscreto Ô Brasil, verde que dá Para o mundo se admirá Ô Brasil do meu amor Terra de Nosso Senhor [Sinhô] Brasil ! Brasil ! Prá mim... prá mim... Ô, esse coqueiro que dá côco Oi, onde amarro a minha rêde Nas noites claras de luar Brasil ! Brasil ! Ah, ouve essas fontes murmurantes A onde eu mato a minha sede E onde a lua vem brincá Ah, esse Brasil lindo e trigueiro É o meu Brasil brasileiro Terra de samba e pandeiro Brasil ! Brasil ! Prá mim... prá mim... | Brésil Mon Brésil brésilien Mon métis intrigant Je vais te chanter dans mes vers Ô Brésil, samba qui fait onduler, qui fait danser Ô Brésil de mes amours Terre de Notre Seigneur Brésil ! Brésil ! Pour moi… pour moi… Ô, ouvre le rideau du passé Fais venir la Mère Noire du cerrado Fais danser la congada au Roi Congo Brésil ! Brésil ! Laisse à nouveau chanter le troubadour À la lumière mélancolique de la lune Toute la chanson de mon amour Je veux voir la demoiselle évoluer Dans les salons, en traînant Sa robe de dentelles Brésil ! Brésil ! Pour moi… pour moi… Brésil Terre bonne et savoureuse De la métisse espiègle Au regard indifférent Ô Brésil, vert qui fait L'admiration du monde entier Ô Brésil de mes amours Terre de Notre Seigneur Brésil ! Brésil ! Pour moi… pour moi… Ô, ce cocotier qui donne des noix de coco Et où j'attache mon hamac Les nuits de pleine lune Brésil ! Brésil ! Ah, les fontaines murmurantes Où j'étanche ma soif Où la lune vient jouer Ah, ce Brésil joli et métissé Est mon Brésil brésilien Terre du samba et du pandeiro Brésil ! Brésil ! Pour moi… pour moi… |
Pourtant cette samba (nom féminin en Français mais masculin en Portugais) fut composée en 1939 dans un contexte national assez lourd, le régime de l'Estado Novo, une dictature autoritaire et nationaliste instaurée en 1937 par Getúlio Vargas.
Á plusieurs égards, Aquarela do Brasil est l'exemple même du patriotisme officiel promu par le Département de la Presse et de la Propagande (DIP), chargé du contrôle idéologique des moyens de communication et de la musique populaire du pays. Le « Brésil brésilien » revendiqué par Ary Barroso semble ainsi répondre aux exigences idéologiques de l'Estado Novo qui prône le métissage des différentes composantes de la population du Brésil, de rendre « brésilienne » la culture assez hétérogène du pays. Le samba carioca, musique populaire de Rio d'origine africaine, est l'objet de toute l'attention du régime de Vargas car il est, dans les années trente, le creuset de l'identité nationale après avoir reçu la reconnaissance culturelle des élites blanches. Le samba carioca cherche en effet à réaliser, à la fois, la subida do morro (« montée à la colline » vers les favelas où vivent les classes déshéritées de Rio) et la descida ão asfalto (« descente à l'asphalte », par extension la ville où vivent les classes plus aisées), chemin complexe pour une rencontre apaisée et fructueuse entre les différentes classes et races.
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