nautilus

"La vi fofile" : "protest song" guadeloupéenne




Maître de conférences en droit public à l'université de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), Fred Deshayes est le chanteur du groupe atypique guadeloupéen Soft, fondé en 2002, qui sur une musique suave et élégante s'interroge sur l'identité antillaise. Dans son album solo et éponyme, sorti en décembre 2011, Fred Deshayes nous propose un opus toujours militant mais plus intime.

La chanson La vi fofilé a été écrite par son père, Jean-Pierre Deshayes (avocat disparu en 2008), sous le choc des événements des 26 et 27 mai 1967. Lors d'un rassemblement de grévistes du bâtiment, place de la Victoire à Pointe-à-Pitre, les gardes mobiles venus de métropole tirent sur la foule. Le lendemain, même scénario avec un défilé d'étudiants. Le bilan officiel s'élève à 7 victimes, les recherches postérieures évoquent 87 tués, d'autres sources vont jusqu'à 200. Pour Jean-Pierre Deshayes, il n'y a plus de coexistence possible : « Fo yo rentré a kaz a yo », « ils doivent retourner chez eux », « Gwadloupéen ka koupé kann, Fwansé ka dousi kafé a yo»« les Guadeloupéens coupent la canne, les Français sucrent leur café ». Fred Deshayes précise : « Mon père avait vingt ans et à vingt ans, de condition modeste, il vivait déjà le racisme social et pour lui c'était tellement évident que ce n'était pas possible de vivre avec les Français, pas possible. Car pour lui, ils tiraient sur les Noirs. Pour lui c'était presque naturel en 1967 d'avoir du ressentiment. […] J'ai cherché des poèmes, des récits de l'époque, je n'ai rien trouvé, juste cette chanson que chantait mon père, une des rares qu'il ait composées. »






21/04/2012

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 8 autres membres