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La politique étrangère et le rôle de la France dans le monde depuis 1945 (Rue des écoles)

La politique étrangère et le rôle de la France dans le monde depuis 1945


Durant toute la Guerre froide, la France s'est rangée dans le camp occidental, tout en s'efforçant de maintenir son indépendance et son rang dans la communauté internationale, ce qui a provoqué des tensions avec les États-Unis à l'époque de de Gaulle.
Du fait de la décolonisation, elle a perdu de son rayonnement mondial, mais elle tente de conserver un rôle actif dans le tiers-monde grâce à une politique active de coopération.
Surtout, depuis le début des années 1950, la France est devenue l'un des moteurs de la construction européenne. L'Europe constitue ainsi un relais d'influence qui compense en partie le déclin démographique et le recul de la langue française dans le monde.

1. Quelles ont été les relations de la France avec les États-Unis depuis 1945 ?


Dans l'ensemble, elles ont été amicales. La France, libérée par l'armée américaine en 1944, fait partie des tout premiers signataires du Pacte atlantique, en 1949 ; elle ne l'a jamais dénoncé. Jusqu'en 1991, les États-Unis lui offrent une protection militaire contre la menace soviétique, et notamment un « parapluie nucléaire ».

Dès les années 1960, cependant, la France devient pour l'Amérique un allié ombrageux et difficile. De Gaulle, au pouvoir de 1958 à 1969, tente de mener une politique étrangère autonome à l'intérieur du camp occidental, critiquant à l'occasion les États-Unis : ainsi, dans le discours de Phnom Penh (au Cambodge) en 1966, il réclame le retrait de l'armée américaine du Vietnam. En 1960, la France se dote de l'arme nucléaire. En 1966, elle sort du commandement militaire intégré de l'OTAN ; l'année suivante, les troupes américaines stationnées dans le cadre du Pacte atlantique quittent le territoire français.

Les relations « se réchauffent » par la suite, notamment sous les présidences de François Mitterrand, qui prend fermement le parti de l'Occident dans la crise des euromissiles, en 1982. Depuis la fin de la Guerre froide, l'adversaire commun ayant disparu, les tensions s'expriment plus ouvertement : en 2003, Jacques Chirac s'oppose vigoureusement à l'intervention américaine en Irak.

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2. Quelles ont été les grandes lignes de la politique européenne de la France ?


La France fait partie des pays fondateurs de la CEE en 1957. Des Français, comme Jean Monnet et Robert Schumann, jouent un rôle majeur dans la naissance de l'Europe unie. Il s'agit pour eux :
  • d'opérer une réconciliation avec l'Allemagne après trois conflits sanglants ;
  • de permettre la renaissance économique d'un pays épuisé par la guerre et trop petit pour faire face, seul, aux défis de l'ère nouvelle ;
  • de refuser le repli sur soi protectionniste et de s'ouvrir au monde.

Dans les années 1960, de Gaulle manifeste parfois de l'humeur envers les institutions européennes, et il refuse à deux reprises l'entrée dans la CEE de la Grande-Bretagne, trop proche des États-Unis selon lui ; mais il poursuit l'intégration de l'Europe des Six et le rapprochement avec l'Allemagne, en harmonie avec Konrad Adenauer, chancelier (premier ministre) de la RFA. Ainsi la France et l'Allemagne signent, en 1963, un important traité d'amitié et de coopération.

Valéry Giscard d'Estaing, de 1974 à 1981, puis François Mitterrand, de 1981 à 1995, relancent la construction européenne, avec l'aide des chanceliers allemands Helmut Schmidt (jusqu'en 1982) puis Helmut Kohl (depuis 1982). Valéry Giscard d'Estaing est l'un des inventeurs du système monétaire européen (SME), l'ancêtre de l'euro.

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3. Quelle politique la France a-t-elle menée dans le tiers-monde depuis la décolonisation ?


Après la décolonisation, la France tente de maintenir en Afrique noire une présence culturelle, militaire et économique : elle a encore de nombreux coopérants sur place et des troupes dans certaines anciennes colonies africaines, comme le Tchad et Djibouti. À plusieurs reprises, elle intervient pour empêcher des drames, comme au Rwanda (ancienne colonie belge en proie à un génocide) en 1994 ou en Côte-d'Ivoire depuis 2002 et, depuis le début des années 1990, elle encourage la démocratisation des régimes africains. Des sommets franco-africains ont lieu depuis 1973 ; par ailleurs, l'Afrique est l'un des terrains essentiels de la francophonie. En revanche, le volet économique de cette politique est en déclin, du fait de l'appauvrissement général du continent noir.

Les relations sont beaucoup plus difficiles avec les pays qui ont acquis leur indépendance par les armes, comme le Vietnam et l'Algérie, malgré la présence d'une forte communauté algérienne en France. En revanche, la France jouit d'un capital de sympathie en Amérique latine depuis que de Gaulle a fait preuve d'indépendance envers les États-Unis.

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4. Pourquoi la France a-t-elle choisi de devenir et de rester une puissance nucléaire ?


En 1960, la France se dote de la bombe A (le projet date de la IVe République), en 1968, de la bombe H. Elle est ainsi l'une des sept puissances nucléaires officieusement recensées (avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine, l'Inde, Israël et le Pakistan) : c'est l'un des éléments majeurs de sa puissance et de son statut international. Les essais ont lieu d'abord en Algérie, puis sous l'atoll de Mururoa en Polynésie jusqu'à la fin des années 1980 ; après une brève reprise décidée par Jacques Chirac en 1995, ils sont aujourd'hui interrompus au profit de simulations.

À l'époque de la Guerre froide, l'armement nucléaire français n'est pas suffisant pour assurer la victoire en cas de confrontation avec l'URSS : la doctrine« de la dissuasion du faible au fort », nucléaire en usage est alors celle dite c'est-à-dire que la France se donne les moyens d'exercer suffisamment de destructions sur le territoire d'un éventuel adversaire pour le décourager d'attaquer. Depuis 1991, le danger soviétique a disparu, mais les gouvernements français considèrent que l'arme nucléaire demeure une garantie contre de nombreuses menaces.

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5. Quels sont les principaux relais du rayonnement mondial de la France ?


La France comprend quatre départements d'outre-mer et six territoires d'outre-mer (ces deux statuts datent de 1946) répartis sur l'ensemble de la planète : grâce à eux, elle possède, entre autres, le deuxième domaine maritime mondial.

Depuis 1945, la France possède un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU ; elle a le deuxième réseau d'ambassades au monde derrière les États-Unis. Ses représentants ont longtemps occupé, en fait sinon en droit, une place privilégiée dans les institutions européennes. Elle participe depuis le début (1975) aux sommets des six, sept, puis huit pays les plus industrialisés.

La francophonie constitue l'une des dimensions essentielles du rayonnement de la France. Des sommets de la francophonie sont organisés à dates régulières depuis 1986.

Enfin, les entreprises françaises sont de plus en plus implantées à l'étranger ; avec l'appui des gouvernements, elles jouent un rôle essentiel dans les grands projets économiques européens comme les avions Airbus et le programme aéronautique Ariane (les fusées européennes sont lancées depuis la Guyane française).
La France est enfin la première ou la deuxième destination touristique mondiale, selon les années.

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6. La France a-t-elle encore les moyens de ses ambitions internationales ?


La France est un pays de taille très moyenne (1 % de la population mondiale) et dont la population s'accroît assez lentement. Elle a du mal à résister à la puissance économique américaine : depuis les années 1980, les États-Unis s'enrichissent beaucoup plus vite, et la taille et l'influence de leurs entreprises multinationales s'accroissent. La part des universités françaises dans la recherche mondiale diminue. Le français, qui n'est que la onzième langue mondiale par le nombre de locuteurs, recule dans de nombreuses régions, et la majorité des pays où il est langue officielle sont pauvres et peu peuplés. C'est pourquoi, à toutes les périodes depuis 1945, de nombreux Français ont craint que l'identité française ne soit menacée, par les États-Unis, par l'Europe ou par l'immigration.

Face à ces défis, les gouvernements successifs ont toujours choisi la poursuite de l'ouverture au monde et notamment l'approfondissement de la construction européenne.


Piste de réflexion


C'est pendant la période gaullienne (1958-1969) que la France a eu la politique étrangère la plus active et aussi la plus nationaliste, aussi bien du point de vue des relations avec les États-Unis que du point de vue du rayonnement dans l'ancien Empire colonial, de la construction européenne, de l'armement nucléaire.


01/05/2009

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