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Édouard Glissant ou la créolisation des cultures



Né en 1928 à la Martinique et mort le 3 février 2011 à Paris, le poète, écrivain et philosophe Édouard Glissant était à l'origine d'une réflexion majeure sur la créolisation des cultures.

 

Il refuse la hiérarchisation des cultures dont se nourrit la pensée coloniale et celui de l'identité-racine inscrite au cœur des philosophies nationalistes. Rejetant la négritude et l'afro-centrisme tout comme la latinité et la francité - exemples d'identités étriquées et monolithiques -, Glissant a érigé la créolisation comme le nouvel idéal humain. Elle est symbolisée par les Antilles où l'emmêlement des langues et des cultures (occidentale, africaine, asiatique, indienne d'Amérique) a créé les conditions de l'émergence d'une identité plurielle, ouverte sur le monde. « Aux Antilles (…) on peut dire qu'un peuple positivement se construit. Née d'un bouillon de cultures, dans ce laboratoire dont chaque table est une île, voici une synthèse de races, de mœurs, de savoirs, mais qui tend vers son unité propre », a écrit le poète martiniquais dès 1956. Partant de cet exemple antillais, Glissant redéfinit l'identité moderne comme une « identité-rhizome » fondée sur la pluralité et la « relation ».

 

Il part faire ses études de philosophie à la Sorbonne, à Paris, à l'âge de 18 ans. Douze ans plus tard, son roman La Lézarde obtient le prix Renaudot. Il milite alors activement contre le système colonial, s'oppose à la guerre d'Algérie, et soutient la nécessité de faire accéder les Antilles à l'indépendance. « Des grèves et des émeutes avaient secoué la Martinique et la Guadeloupe en 1959, un peu à la façon des récentes manifestations de 2009. En ce temps-là, la police ne prenait pas de gants ; les forces de l'ordre avaient fusillé à bout portant trois lycéens ».


Avec le poète Paul Niger, le secrétaire général du Parti communiste martiniquais, Cosnay Marie-Joseph, et l'un des avocats du FLN algérien, Marcel Manville, il fonde en 1961 le Front antillo-guyanais pour l'autonomie, banni par le général de Gaulle. Édouard Glissant est interdit de séjour aux Antilles, de 1959 à 1965. Par la suite, le poète disait n'avoir jamais voulu se lancer en politique et avoir renoncé à l'indépendance des Antilles vis-à-vis de la métropole. « Les rapports France-Antilles sont tellement complexes ».

  

Au fondement de son travail, Édouard Glissant évoquait une "pensée-rhizome", allusion à la partie souterraine ou sous-marine des plants de riz, de bambous, de roseaux, qui aident la plante à se fixer sur des sols meubles (dunes, eaux…). Le poète opposait ces "racines-rhizomes" aux "racines uniques" des autres végétaux. « Les racines rhizomes poussent à la rencontre d'autres racines, se renforcent entre elles, et ne massacrent pas la fertilité autour d'elles. La racine-unique tue autour d'elle ».

 

Édouard Glissant à propos du passé des Antillais 02/09/1964


Avec ce livre, Édouard Glissant raconte la longue histoire de deux familles d'esclaves qui arrivent aux Antilles. Pour l'auteur, le livre est aussi et surtout une tentative de récupération d'un passé antillais pour renouer avec une histoire perdue. « Connaître son passé c'est avoir un équilibre » face au futur.







24/04/2014
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