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Corrigé de l'ensemble documentaire (Bac blanc 2009)

Corrigé de l'étude de l'ensemble documentaire (Bac blanc 2009)

proposé par M. A. Guibert

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"LA DETENTE ET SES LIMITES DU DEBUT DES ANNEES 70 A LA FIN DES ANNEES 80"



- I -  ANALYSE DE L'ENSEMBLE  À PARTIR DES QUESTIONS :

               

  1°) Les textes du doc.1 sont de Nixon (1969–73) et Brejnev (1964–82) les principaux dirigeants des Etats-Unis et de l'U.R.S.S. au début des années 70, donc ceux qui définirent et mirent en œuvre la "détente".

 Dans ces deux courts extraits, l'un et l'autre tiennent surtout à montrer leur fermeté vis à vis de l'adversaire, Nixon pour justifier à posteriori sa politique au Vietnam ("vietnamisation" des combattants du "Sud" puis échec), et Brejnev pour rassurer ses fidèles alliés staliniens de R.D.A. au retour d'un voyage aux U.S.A.. 

  Pour le président U.S.,la détente s'exprime à travers la "doctrine Nixon" qu'il oppose implicitement à la doctrine Truman, celle du "containment", de la guerre froide où l'armée américaine se retrouvait souvent en première ligne (Corée, Vietnam, et même Cuba) . A la place il propose une action indirecte sous forme d'aide financière et militaire aux  populations qui luttent contre le communisme ou souhaitent s'en éloigner (pays de l'est : le syndicat "Solidarnosc" en Pologne par exemple). Avec l'U.R.S.S., il propose de régler les conflits par la "négociation". Du coté soviétique, Brejnev se contente d'évoquer la "coexistence", qu'il n'ose même plus qualifier de "pacifique",simple continuité de la politique de son prédécesseur Khrouchtchev (déstalinisation des relations internationales), qui allait déjà dans le sens de "rencontres " régulières et de "négociations".

 . Seul Nixon précise la raison de cette évolution: elle est imposée (et non choisie) par l'évolution du rapport de force nucléaire entre les deux "grands" qui exclut désormais tout conflit direct. D'ailleurs chaque dirigeant s'empresse de minimiser cette évolution en réaffirmant la primauté de son idéologie; Brejnev en rappelant la volonté d'étendre le socialisme "à toute la terre", Nixon en présentant la détente non pas comme le contraire du "containment", mais sa continuité, c'est à dire une autre stratégie de lutte contre le communisme.

 

 2°) L'ensemble du doc.2 concerne essentiellement l'Europe et y atteste des succès de la détente.

 La photographie représente une rencontre "détendue", inimaginable quelques années plus tôt, entre le dirigeant de l'Allemagne de l'Ouest et celui de l'U.R.S.S.. L'Allemagne fut en effet au cœur de la guerre froide en Europe avec les crises de 1949  et de 1961 qui conduisirent à la mise en place de deux états rivaux et à la construction du mur de Berlin, "symbole" de l'affrontement entre les deux systèmes .Or ce document atteste que, grâce à l"ostpolitik" de W. Brandt, des rencontres et une reconnaissance réciproque sont devenues possibles. (1969-73)

 .Les extraits  de l'accord d'Helsinki, qui réunit en 1975 la plupart des pays européens et les deux "grands",  confirment ces progrès de la détente à l'échelle de toute l'Europe puisqu'ils posent les principes de la "sécurité et la coopération en Europe", après des décennies de tensions et de méfiance de part et d'autre du "rideau de fer". Ce traité repose sur la négociation d'importantes concessions réciproques; l'Ouest accepte officiellement les frontières et les régimes communistes largement imposés à l'est par les soviétiques (art.2 & 3); et ceux-ci s'engagent indirectement à ne plus intervenir, militairement ou non, chez leurs alliés, comme ils l'avaient fait dans le passé [Hongrie 56, Tchécoslovaquie 68] (art.6 & 8). L'engagement général à respecter"les droits de l'homme et les libertés fondamentales " s'imposait aussi essentiellement aux pays de l'est  jusqu'alors très répressifs à l'égard de leurs "dissidents" (U.R.S.S., Pologne). 

 

3.) Si en Europe la détente a porté ses fruits, il n'en fut pas de même dans d'autres régions du mondeles deux "Grands" continuèrent à manifester leur rivalité dans le contexte de leur affrontement idéologique (D1).Les Doc. 3 & 4 en attestent, d'abord en Afriqueles présidents Brejnev et Carter (U.S.A. 1976-80) semblent  "jouer" le sort des jeunes pays africains aux échecs, avec apparemment un net avantage pour le soviétique dans le quart N.E.du continent! Au delà des excès du caricaturiste, la "présence" soviétique se renforça  dans cette région à l'issue de la phase d'indépendance (Ethiopie, Congo, Angola) et prit même la forme d'une présence militaire (les "pions" du jeu) à travers le déploiement de troupes cubaines. Mais la réaction du président Carter, très attaché à la détente, resta  effectivement  très faible en Afrique (aucun "pion" sur la carte!).

 Celle-ci parut toutefois beaucoup plus vigoureuse lorsqu'en 1979, l'U.R.S.S."envahit" l'Afghanistan. (Doc.4) Même si ce pays n'était pas "couvert" par les accords d'Helsinki, puisque non-européen, et si l'intervention russe intervint à la requête de dirigeants communistes menacés par une insurrection islamiste, ce n'était  pas conforme à l'esprit de la détente. Carter dénonce donc cette "invasion"comme une volonté de déstabilisation de la région et comme une véritable agression contre l'occident à travers ses intérêts pétroliers. Mais, malgré la suspension immédiate des accords SALT2, sa réaction politique resta conforme à la "doctrine Nixon", à la détente: simple aide financière et militaire au profit du Pakistan, donc même pas au profit de l'agressé (!), pour éviter un retour à une situation de type "guerre froide". Avec l'Afrique et l'Afghanistan, on touche aux limites de la détente mais sans la remettre en cause globalement avec le président Carter.

 

4.) Le doc. 5 met en scène  les nouveaux acteurs des rapports est-ouest dans les années 80. Le sourire, la poignée de main échangée et le volumineux accord signé, manifestent un moment évident de "détente" et de coopération. Pourtant la crise des "euromissiles" qui prend fin ici avait plus que les précédentes marqué un regain de la guerre froide en Europe, lorsque les deux grands avaient commencé à y déployer simultanément une nouvelle génération de missiles régionaux nucléaires ("Pershing" 2 et S.S.20). Le président Reagan, beaucoup moins diplomate que son prédécesseur, avait alors dénoncé de nouveau l'U.R.S.S. comme "l'empire du mal" et relancé la course aux armements (I.D.S.).

 C'est donc le président Gorbatchev, arrivé au pouvoir en 1985, qui fut l'acteur principal du retour à la détente puisqu'il proposa de supprimer non seulement les nouveaux missiles, mais aussi tous les anciens de moindre portée, ce qui fit l'objet de ce traité de Washington qui marqua le retour définitif à un climat d'apaisement entre les deux grands.

 


Texte en "gras": idée essentielle;        souligné:fait important;        italique: détail utile mais non explicite

 

 

- II - REPONSE ORGANISEE (SYNTHESE)

 

  Après les crises graves qui marquèrent les rapports américano-soviétiques durant la "guerre froide"et mirent les deux "grands" parfois au bord d'un conflit nucléaire (Cuba), ceux-ci établirent de nouvelles relations diplomatiques moins agressives que l'on qualifia à l'époque de "détente".

  Après une première tentative avec la "coexistence pacifique" proposée sans réel succès dès 1956 par Khrouchtchev, il fallut attendre la fin des années 60 et l'échec de la solution militaire au Vietnam pour les américains avant que se dessine une réelle amélioration des relations est-ouest. Elle était fondée sur une vision réaliste de la situation: les adversaires doivent coexister (D1b) mais ne peuvent prendre le risque d'un conflit frontal car la "parité" nucléaire conduirait à la destruction mutuelle; d'autre part l'engagement militaire direct et la course aux armements "coûtent cher"(D1a); Il vaut donc mieux s'entendre pour limiter les risques et les coûts. C'est à ces objectifs que répondirent les premiers accords sur la limitation de leurs armements nucléaires stratégiques respectifs: S.A.L.T. 1&2 (1972-79),ainsi  que la volonté de réduire leurs sujets de discorde en Europe à travers le rapprochement des deux Allemagnes préparé par W. Brandt (1971-73) (D2a) et surtout les accords d'Helsinki, véritable "traité de paix" de la guerre froide sur le vieux continent, puisqu'on s'y met d'accord sur le statu quo géopolitique et le retour "programmé" à la démocratie et aux droits de l'homme à l'Est (D2b). On peut y ajouter le retrait progressif des américains du Vietnam (1969-73), et la gestion "conjointe" des crises du moyen orient (1973-82). En fait grâce à des négociations constantes, les deux grands limitent les risques de crises et  se réservent  un droit de contrôle tacite sur leurs zones d'influence respectives.

  Cela étant, aucun des deux ne renonça à ses principes idéologiques (D1) et à essayer d'affaiblir l'adversaire, en exploitant les divisions latentes de son camp :"schisme" chinois, aspirations libérales en Europe de l'Est  (D1a&2b) pour les américains, faiblesse et indécision d'un président américain en Afrique pour les soviétiques (D3). Les américains privilégièrent les interventions indirectes ("doctrine Nixon") pour maintenir une forme de "containment": soutien aux régimes (Vietnam sud 1969-73; Philippines, Indonésie, etc.) ou aux "guérillas" anti-communistes ("Contras" du Nicaragua 81--;  "mudjahidins" afghans 80--). Les soviétiques firent de même en Afrique en y aidant des mouvements de libération nationale (Angola, Mozambique) ou des régimes anti-occidentaux (Ethiopie, Congo). Mais surtout ils prirent le risque d'une intervention directe de leurs troupes en Afghanistan pour y soutenir un régime communiste contesté par le mouvement islamiste; ils s'y enlisèrent militairement et ce fut leur "Vietnam"(D4). Tous ces conflits locaux altérèrent grandement le climat de détente au début des années 80, surtout qu'ils coïncidèrent avec la crise des Euromissiles en Europe (D5). Même les relations économiques en souffrirent comme l'atteste l'embargo américain sur les céréales destinées au marché soviétique; mais lorsque le président Reagan, élu sur une promesse de politique de fermeté à l'égard de l'U.R.S.S, dénonça à nouveau l'expansionnisme communiste et relança la course aux armements (Déploiement des Pershing 2, I.D.S.), on parla du retour à la guerre "fraîche".

  L'arrivée au pouvoir du président Gorbatchev, surtout à partir de 1987, permit de revenir au processus de détente et même de mettre fin complètement à l'opposition Est-ouest. En effet après avoir rapidement conclu l'accord de désarmement nucléaire en Europe (D5), il retira les troupes soviétiques d'Afghanistan (1989) et après la chute du mur de Berlin accepta la démocratisation  de l'Europe de l'est et la normalisation des relations internationales en Europe:(C.S.C.E.2 1990). La détente avait servi de prélude à la disparition de l'état de "guerre froide".

 



14/03/2009

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